Un mois après le cinquantième anniversaire de la Libération de Lyon, la mairie du troisième arrondissement de la Ville et le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation accueillent une exposition de Guetty Long en hommage à l’un des martyrs de la dernière guerre, le docteur Jean Long, père de l’artiste, notable Résistant lyonnais, assassiné par la Milice et la Gestapo le 23 octobre 1943, à Feyzin¹, près de Lyon.

Marcel Ruby, spécialiste de l’histoire de la Résistance de Lyon², a bien voulu résumer pour nous l’activité de cette "belle figure de la Résistance française". L’écrivain Paul Vincent a tenu à nous faire partager "la joie de vivre"¹ de son compatriote savoyard à l’époque où tous deux étaient étudiants à Lyon⁴. Un texte de Jean-André Estragnat, ardent Résistant communiste et ami de la famille, complète le chaleureux portrait du docteur Jean Long.

Quant à Guetty Long, elle a choisi d’évoquer, en vingt-et-une œuvres originales - 5 acryliques, 6 huiles et 10 gravures -, les grandes étapes de la vie de son père, mort lorsqu’elle avait huit ans. La région de Haute-Savoie où Jean Long est né, ses débuts à l’école, ses études de médecine et ses travaux pour vivre, sa rencontre avec Marie Carron - sa future épouse -, son service auprès des malades, son bonheur de peindre, la déclaration de guerre, l’entrée dans la Résistance et l’assassinat sont les principaux moments retenus d’une vie exemplaire par sa générosité et son courage que retrace, parallèlement, le film de Daniel Pelligra, "Un médecin ordinaire", réalisé à cette occasion, et diffusé au cours de l’exposition.

Composées à la manière d’un contrepoint dont les thèmes se répondent d’une technique à l’autre, les œuvres de Guetty Long sont moins le récit d’événements précis que la recréation d’un climat où plongent ses souvenirs. Elles sont aussi, et surtout, le reflet d’une conception de la vie qui s’inscrit dans le sillon tracé par ceux qui résistèrent à l’oppression jusqu’au sacrifice de leur vie pour plus de liberté et d’amour.

Marie-Madeleine Fourcade, grande Résistante, avait su le déceler tôt dans la carrière de l’artiste dont elle fut l’amie. En 1987, à l’inauguration de l’exposition "Regards sur la musique de Maurice Ravel"^s, alors qu’elle acceptait la présidence de l’A.A.G.L.⁶, l’ancien chef du réseau Alliance (ou Arche de Noé) déclarait en effet : "Très vite je compris combien le traumatisme que Guetty Long avait subi de la subite et atroce disparition de son père bien aimé allait peser sur les dons qui perçaient en elle, les sublimer (sic) par une constante recherche de l’expression résistante dans ce qu’elle comporte d’espérance et d’amour"⁷. Tel est bien le chant sublime qui s’élève de La vie d’un héros. On l’entendra également dans l’une des manifestations accompagnant l’exposition : le spectacle de poésie et musique construit en accord avec les œuvres de l’artiste.

Pour que l’Amour soit et Liberté - les deux œuvres qui concluent la série des gravures et celle des peintures - font écho à un autre cycle de Guetty Long, Les quatorze stations du Chemin de Croix, gravées sur plaques de cuivre pour la chapelle de Beaunant en 1984, puis transposées en estampes. Relatant le chemin parcouru par Jésus lorsque, chargé de sa croix, il fut conduit du prétoire de Pilate - où il fut condamné - au Golgotha - où il fut crucifié -, ces gravures résonnent, elles aussi, d’une espérance et d’une tendresse infinies.

Puissions-nous, à la vue et à l’écoute de cet ensemble tout vibrant d’émotion et de lumineuse beauté, être contaminés par l’Amour, vrai chemin de la Liberté !